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La trentaine, Ryan Adams et se laisser aller

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Il y a environ quatorze ans, je lisais les critiques musicales en bref dans La Gazette et j’ai remarqué une section sur un des premiers disques solos de Ryan Adams. Je n’ai même pas pris la peine de lire la critique parce que je trouvais ça assez ridicule qu’un musicien qui se respecte puisse chanter avec quasiment le même nom que le chanteur banal canadien Bryan Adams.

Couvert d’acné et intransigeant, je me suis promis de NE JAMAIS ÉCOUTER UN ALBUM DE RYAN ADAMS. Parce que, sérieusement, dafuq?

Quelques années plus tard, sa version de Wonderwall (que Noel Gallagher a fameusement déclaré meilleure que l’original) s’est glissée dans mes oreilles et j’ai vite fait une recherche sur l’internet pré-YouTube pour savoir qui était la voix derrière cette chanson. Une fois que j’ai découvert que c’était Ryan, j’ai concédé que j’avais peut-être été trop sévère à son égard et je me suis rapidement procuré tous ses albums.

Ses chansons m’ont beaucoup aidé à traverser ma première peine d’amour, les débuts de ma vie d’adulte et elles continuent de me fournir des petits moments de sérénité à travers mes épisodes nihilistes quotidiens.

Ce n’était pas que son génie musical qui m’interpelait, mais aussi son comportement autodestructeur tumultueux. J’ai vite découvert que Ryan avait fameusement arrêté une performance pour s’en prendre physiquement à un chahuteur qui voulait qu’il chante le classique de Bryan Adams, Summer of ’69.

Bien que je sois très pacifiste, j’adorais cette histoire (même si elle était un peu exagérée). J’aimais le fait que Ryan comprenait que son talent surpassait de loin celui de Brian et qu’il n’accepterait rien de qui que ce soit qui voudrait se moquer de la ressemblance entre leurs noms. Je respectais qu’il se soit construit une boite parfaite qui correspondait à ce qu’était Ryan Adams et qu’il savait comment y rester.

Certains d’entre vous savez que je vis depuis quelques années des périodes difficiles qui m’ont récemment poussé à abandonner mon écriture, ma photographie et ma présence en ligne. À travers tout ça, j’ai ressenti de la tristesse, de la colère et de la frustration à propos de ma situation et le fait que je n’aie pas pu me trouver une piste de sortie acceptable.

Généralement, je me sens mieux ces jours-ci, mais mon bonheur a pris son rythme il y a quelques mois quand j’ai appris que Ryan avait finalement chanté une version de Summer of ’69. Je vais être honnête, j’ai pleuré un peu quand je l’ai écouté.

Je me sentais un peu bizarre en pleurant pour une chanson que je n’aime pas, mais je ne pouvais pas m’arrêter.

Dans cette chanson, j’entendais un musicien (relativement troublé) que j’admire profondément, en train de se laisser aller, de trouver sa paix, et d’accepter le fait qu’il y a certaines choses qu’on ne peut pas changer, alors pourquoi s’en vouloir? Des fois, il s’agit simplement de se détendre et de laisser la vague t’emporter. Des fois, on respire mieux si on ne s’enferme pas dans une boîte. On n’est pas obligé d’être des caricatures inflexibles de l’image que l’on projette, et si on l’est, vaut mieux trouver moyen d’en rire un peu.

Alors me voici, début trentaine, avec l’objectif de me laisser aller un peu. Me prendre en main en m’aimant, en acceptant le confort, et en n’ayant aucune honte de mon admiration de Taylor Swift ou le fait que je n’ai jamais manqué une émission de Survivor. Prendre le temps de me faire une vie saine et équilibrée, en reconnaissant et en me battant contre le fait que plusieurs personnes se voient nier ce privilège systémiquement.

Je suis un gars assez émotif, alors je vous quitte avec ceci : je vous aime toutes et tous. Merci pour votre gentillesse, votre créativité et votre compassion. J’espère qu’ensemble nous allons grandir lentement, doucement.