Il y a un an, je vous ai écrit à propos de l’année lourde que fut 2013. Et malgré le fait que j’approche près de deux mois de quasi-silence total sur l’internet, je ne peux pas m’empêcher de partager une brève réflexion sur la dernière année. J’suis un gars mélancolique, après tout.
Quand j’y pense, je devrais être aussi découragé et frustré par 2014 que je l’étais par 2013. J’ai encore une fois été renvoyé dans des circonstances nébuleuses, j’ai eu de la difficulté à trouver un emploi pour la première fois de ma vie professionnelle, j’ai été menacé par une poursuite d’un million de dollars pour diffamation, et je suis malheureusement toujours le sujet de harcèlement et d’intimidation.
Mais malgré tout, je demeure relativement satisfait et en paix avec l’année que j’ai vécue.
Même si ça a éventuellement mené à mon renvoi, j’ai syndiqué mon milieu de travail, une première dans mon temps en tant que travailleur et organisateur. J’ai tenu ma première vente de photos, et mes images se sont retrouvées dans des foyers à travers l’Amérique du Nord. Un de mes clichés a fait la couverture de Our Schools, Ourselves du CCPA. J’ai trouvé du temps pour écrire, en grande partie grâce à la création de ce blogue il y a un an.
J’ai collaboré avec des douzaines d’amis et d’étrangers avec mes projets monmetro et tableau portrait. J’ai voyagé un peu partout, de la grande île de Hong Kong à la toute petite île Fogo à Terre-Neuve-et-Labrador. J’ai navigué à travers la bureaucratie étourdissante de la Commission des normes du travail et toutes les plaintes concernant mon renvoi de 2013 ont été reçues à ma faveur. Et j’ai pu prendre du repos en sachant que mon nouveau syndicat s’occuperait des dédommagements de mon renvoi de 2014.
Après plusieurs mois de recherche, j’ai déniché un emploi dans un milieu stimulant et propice à mon développement.
Et oui, j’ai effectivement connu une période déstabilisante, effrayante et bordélique ces deux derniers mois, mais au moins j’ai pu les digérer dans le confort de mon chez-moi, soutenu par ma conjointe, entouré de minous, et plus en amour avec ma ville natale que jamais.
Le harcèlement que j’ai connu en 2013 était sans relâche et m’a couté ma santé mentale, des amitiés, et un emploi que j’aimais beaucoup. J’ai pu me décrocher un travail assez rapidement à Ottawa, mais ça comportait de longues périodes à l’extérieur de ma maison, du couchsurfing, dormir au bureau, des heures et des heures de déplacement, et un régime à base de chips et de chocolat.
Je me rappelle d’avoir confié à ma conjointe que même si je me retrouvais gagnant à la commission des relations du travail, je serais tout de même perdant. Perdant parce que mon ancien employeur m’a tellement enlevé tout ce qui m’était cher. Même avec les rétributions financières, je ne pouvais pas m’imaginer sortant de ce conflit autrement que blessé et affaibli, rien de plus qu’une pâle copie de celui que j’ai déjà été.
Et la voilà la différence entre 2013 et 2014. Même si je suis toujours profondément choqué et que les attaques contre ma personne persistent malgré la résolution à la commission des relations du travail, au moins je ne suis plus obligé de faire face à un environnement de travail toxique et rempli de haine au quotidien. Au moins, je suis chez moi.
Avec un peu de recul, j’ai pu admirer le fait que de m’avoir fait chassé de Montréal m’a aidé a forger des amitiés plus profondes avec des gens d’Ottawa qui m’ont littéralement accueilli chez eux, et de reconnaître que plusieurs relations inestimables n’auraient pas vu le jour si ce n’était pas pour les moments merdiques qui ont précédé et suivi mon renvoi de 2013.
Je suis aussi conscient du fait que tout le bien que j’ai vécu ne serait pas possible sans les privilèges qui m’ont été accordés en tant qu’homme cis blanc, non-handicapé et hétérosexuel. Je reconnais cette vérité, et même si c’est important de le faire, c’est encore plus important d’utiliser ces privilèges pour initier ou soutenir des changements dans nos institutions et nos communautés, surtout ci les personnes systémiquement visées par ces mêmes institutions et communautés te demandent un appui.
Mais pour maintenant, je regrette de devoir replonger dans l’abîme de l’internet, mais je voulais tout de même remercier tous ceux et celles qui m’ont apporté du bonheur et de la paix au cours de cette dernière année. Je sais bien que 2014 a été difficile pour plus plusieurs de mes proches, et qu’un grand nombre de défis collectifs et personnels nous attend dans l’année à venir, et j’espère y être avec vous de n’importe quelle façon qui me sera demandée.
Avec amour et solidarité, toujours.